C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes.Sur un réseau social professionnel, on pouvait récemment participer à une discussion pour répondre aux questions : "pourquoi les entreprises qui innovent en parlent si peu ?" et "pourquoi les entreprises innovent si peu ?". J'imagine qu'il fleurit tous les jours sur ce réseau bien d'autres discussions similaires.
L'une des raisons évoquées étaient que l'innovation est associée à la haute technologie : l'iPad, c'est innovant, l'industrie lourde sûrement pas, et je ne parle même pas des métiers traditionnels comme le textile.
Combattons cette fausse évidence.
Innover avec du vieux
Commençons par un petit quizz :
- De quand date le premier véhicule électrique ?
- Qui a inventé la souris informatique ?
- De quand date le dernier brevet sur le traitement du bois ?
- Vers 2005, voire un peu avant (depuis qu'on parle du réchauffement climatique, par exemple).
- Apple, évidemment.
- Ça doit dater du début du XXe siècle.
Voici mes réponses (après recherche sur internet : oui, je triche, mais c'est moi qui écris l'article) :
- Le premier véhicule électrique date au moins de 1834 (voir ici).
Rien de nouveau sous le soleil de l'automobile... - La souris a été inventée par un chercheur de Stanford, D. Engelbart, en 1963 (voir ici et l'illustration suivante).
Le Macintosh lancé en 1984 n'a donc fait qu'exploiter une technologie connue depuis près de 20 ans. - Au moins 2007 (voire plus récemment), comme l'indique ce brevet.
Le secteur du bois, bien que d'image rustique, peut donc innover.
- que l'on peut innover dans un secteur de haute technologie avec des idées vieilles de plus d'un siècle,
- que les entreprises qui innovent sont souvent des entreprises qui exploitent des technologies éprouvées, qu'elles n'ont pas inventées,
- ou encore, qu'un secteur d'activité considéré comme vintage peut parfaitement donner lieu à de l'innovation.
La sidérurgie, métier associé à la révolution industrielle et au XIXe siècle, crée encore régulièrement des alliages d'acier innovants, avec des performances toujours plus élevées.
L'industrie du verre, dont la recette la plus courante date des Romains, est aujourd'hui capable de produire par des procédés innovants des écrans extrêmement fins (0,7 mm pour le verre LCD, voire 0,1 mm pour des produits très spécifiques), tellement fins que l'écran est souple et qu'on croit qu'il s'agit de plastique : touchez votre écran d'ordinateur, pour voir : il est bien en verre !
Et je pourrais continuer la liste d'exemples indéfiniment. La conclusion s'impose : non seulement on peut innover avec du vieux, mais en plus c'est la situation la plus fréquente.
Pourquoi associer innovation et high-tech ?
Tout simplement, la haute technologie est grossièrement ce qu'il y a de plus nouveau, et l'innovation aussi. L'association d'idée est naturelle, même si l'identification des deux est abusive.
C'est l'occasion de dénoncer une confusion classique entre l'invention et l'innovation :
- l'invention est une création technologique, indépendamment de toute considération de commercialisation : certaines inventions ne seront jamais commercialisées ;
- alors que l'innovation est une nouveauté introduite dans l'économie, indépendamment de toute considération technologique : il existe des innovations non technologiques, et même parmi les innovation technologiques, on a vu que certaines reposaient sur des technologies éprouvées.
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