vendredi 6 janvier 2012

L'épiphanie n'est pas qu'une fête religieuse

Le début d'année est l'occasion pour certains chrétiens de fêter l’Épiphanie, fête religieuse qui correspondrait à la visite de mages à l'enfant Jésus. Plus prosaïquement, c'est l'occasion de manger de la galette et de tirer les rois.
Mais le mot, sans majuscule, désigne aussi la compréhension soudaine de l'essence ou de la signification de quelque chose, dans tous domaines : religion, philosophie, sciences...

L'épiphanie scientifique

Les grands scientifiques dont les noms restent dans l'Histoire sont généralement associés à une épiphanie. Pensez au "Eurêka !" d'Archimède, ou encore à la pomme de Newton dont l'observation de la chute conduira le savant à comprendre que la physique est la même pour les astres et pour les objets terrestres.
L'épiphanie scientifique n'est pas la conclusion d'un long travail, mais plutôt le tournant décisif, l'intuition géniale qui bouleverse l'étude d'un phénomène et sa compréhension. Ainsi, la théorie de la Relativité Restreinte d'Einstein est bien entendu le résultat de nombreux travaux précédents (de Maxwell, Michelson et Morley, Lorentz, Poincaré, Minkowski...), mais également d'une épiphanie : l'éther, substance dans laquelle est supposée se propager les ondes électromagnétiques, n'existe pas, et l'espace et le temps ne forment en réalité qu'un tout indissociable, l'espace-temps.
C'est ce moment-clé, cette révélation soudaine synthétisant de nombreuses réflexions et observations, qui donne un sens à la carrière d'un scientifique. Le plaisir associé à une épiphanie est la motivation véritable du chercheur : fierté d'avoir compris ce que nul n'avait compris auparavant, excitation à l'idée des perspectives que cela ouvre, notoriété éventuelle attendue d'une telle découverte, influence espérée sur les travaux futurs de ses collègues dans le monde entier, ou simple béatitude liée à la satisfaction d'avoir essentiellement achevé un long travail. Même si un tel événement est rare dans une carrière, on ne se lasse pas de chercher à l'atteindre.

Médiation technique et épiphanie

La médiation technique est également propice à la manifestation d'épiphanies, mais dans un cadre technologique plutôt que scientifique ou philosophique.
Ainsi, lorsqu'un médiateur technique identifie dans un secteur d'activité "exotique" une solution technologique inattendue pour l'un de ses clients, même si la solution n'est pas complètement évidente à transposer, le client peut vivre un tel moment.

Dosage de pâte
Un client chimiste, voulant doser précisément une substance pâteuse à introduire automatiquement dans un réacteur chimique à la demande, se retrouve avec un problème technologiquement épineux, car la manipulation d'une grande quantité de pâte et son dosage nécessite des techniques éventuellement complexes du fait de la rhéologie complexe de la pâte et de la précision recherchée du dosage. Sans parler des contraintes de cadence. Toute cette technologie complexe a un coût qui peut se révéler bien trop élevé.
Il s'adresse alors à un médiateur technique, qui va faire le tour des technologies possibles. 
Après une première exploration, il s'aperçoit que dans certains secteurs d'activité, on manipule des substances difficiles à doser (poudres, fibres, liquides très visqueux) non pas en vrac mais de petits paquets contenant une quantité de substance pré-dosée. C'est le cas des lessives, par exemple.
Il en fait part à son client, qui se rend compte qu'il lui suffit de préparer à l'avance des doses de pâtes sous forme de petits paquets, enveloppés dans un film soluble et dont la composition n'a pas de conséquence néfaste sur la réaction chimique qu'il vise. 
Une véritable épiphanie technologique. La solution n'est pas encore complètement finalisée, un peu de R&D reste nécessaire, mais le principe des dosettes est la clé qui va résoudre son problème à bien moindre coût.

Par ailleurs, le médiateur technique profite lui-même des épiphanies technologiques puisqu'il en est le déclencheur. C'est l'un des grands attraits de ce métier : multiplier régulièrement les épiphanies, à un rythme bien plus élevé que les chercheurs scientifiques.

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