mardi 8 février 2011

La médiation technique : avatar du conseil en technologie ?

Le savant n'est pas l'homme qui fournit les vraies réponses, c'est celui qui pose les vraies questions. (Claude Lévi-Strauss)
Le conseil en technologie rassemble des sociétés de services aux entreprises qui permettent à leurs clients d'innover techniquement ou de s'adapter à des demandes techniques spécifiques et complexes.
En ce sens, la médiation technique partage la même vocation que le conseil en technologie. Mais est-ce simplement une forme de conseil en technologie ou s'agit-il au contraire d'un service complètement différent ?

Le conseil en technologie : de quoi s'agit-il ?

De manière singulière, le terme de conseil en technologie est principalement utilisé par les sociétés de conseil en technologie pour se qualifier elles-mêmes. Leurs clients utilisent plus généralement le terme de prestataires d'ingénierie ou de sous-traitance technologique. Les plus grandes sociétés, et les plus connues, sont Altran, Alten, Assystem, Ségula Technologies et Akka Technologies.
Le personnel qui réalise les missions techniques est constitué de consultants, c'est-à-dire des ingénieurs qui réalisent une prestation intellectuelle à caractère technique, souvent dans les locaux des clients.
Les domaines d'intervention de ces sociétés sont variés : mécanique, électronique, automatisme, télécommunications, optique, acoustique, calcul scientifique, chimie, matériaux, énergétique, biotechnologies...  Les activités de leurs consultants le sont également : conseil en recherche et développement, études techniques, conception, prototypage, essais, assistance à l'industrialisation...
Le profil du consultant-type (je m'appuie sur une étude de l'OPIIEC de 2007 intitulée "Étude sur le Conseil en Technologie") est un ingénieur de 5 à 10 ans d'expérience professionnelle, et généralement embauché par sa société de conseil en technologie à la sortie de l'école d'ingénieur.
Ainsi, les consultants de ces sociétés sont souvent assez peu expérimentés. De plus, les consultants sont amenés à changer plusieurs fois de mission, et deviennent des généralistes de leur discipline technologique, plutôt que des experts d'une activité technique particulière.

Des différences notables

La médiation technique se distingue du conseil en technologie par plusieurs aspects.
Tout d'abord la localisation de l'expertise. Si le consultant est bien celui qui réalise la mission technique, ce n'est pas le cas du médiateur technique, qui au contraire va chercher l'expertise dans une entreprise tierce. Le consultant est certes plus réactif pour des problématiques courantes de son domaine de compétences, mais son savoir généraliste peut être insuffisant dans le cas d'une demande très spécifique, pour laquelle un expert spécifique expérimenté identifié par le médiateur technique est bien mieux qualifié.
Ensuite, le domaine d'intervention. Le consultant n'offre que ses ressources intellectuelles, alors que le médiateur technique peut aussi bien rechercher un expert qu'un équipement ou qu'un partenaire industriel. Cela ouvre des possibilités supplémentaires, notamment en évitant d'investir dans une machine coûteuse dont on ne risque de se servir qu'une fois.
Enfin, le mode d'innovation. Le consultant permet à son client d'innover par le fruit de sa réflexion technique, dans un cadre technologique généralement bien établi chez le client : l'innovation a donc tendance à être incrémentale, à modifier légèrement l'existant pour améliorer un produit ou un service. Au contraire, le médiateur technique apportera fréquemment un savoir-faire extérieur au domaine de compétences du client, ce qui peut déboucher sur une innovation de rupture, même si la technologie importée est déjà ancienne.

Play-Doh : du papier peint à la pâte à modeler
La pâte à modeler Play-Doh, jouet bien connu, a été initialement développée pour décoller du papier peint. Or le marché du papier peint était en déclin à la fin des années 1950, et la belle-sœur du patron travaillait dans une école maternelle et lui fit remarquer que cela pouvait amuser les enfants. 
Il s'agit d'un exemple typique de ce qu'un produit existant sur un marché donné peut devenir sur un marché différent. L'innovation n'est pas dans le produit, mais dans le secteur d'activité ou il est introduit.

Un service complémentaire

Il apparaît donc que, loin d'être un avatar du conseil en technologie, la médiation technique se distingue par des qualités complémentaires à celles que l'on trouve dans le conseil en technologie. L'objectif général, comme signalé en introduction de cet article, est le même, mais les modes de fonctionnement sont distincts et il parait parfaitement raisonnable de combiner les deux approches.

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