jeudi 24 février 2011

L'étude bibliographique : quand les connaissances sont déjà écrites

La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi ! (Albert Einstein)
De nombreuses connaissances sont disponibles dans des documents écrits. L'étude bibliographique consiste à extraire celles qui sont pertinentes pour un objectif donné.

Un exercice académique

L'étude bibliographique est un passage obligé pour tout étudiant en thèse de doctorat, qui doit se mettre au niveau de ses confrères en découvrant l'état de l'art de sa discipline.
En effet, il est rare que son directeur de thèse soit suffisamment disponible pour lui enseigner tout son savoir. Par ailleurs, dans de nombreux cas l'étudiant aborde un domaine nouveau à l'interface entre celui de son directeur de thèse et celui d'autres scientifiques, auquel cas le directeur de thèse ne peut lui enseigner les connaissances qu'il ignore lui-même. Enfin, l'étude bibliographique est généralement exigée en première partie d'un mémoire de thèse, afin de mettre en évidence les avancées scientifiques propres au travail de l'étudiant.
La meilleure source de connaissances est alors la littérature scientifique : articles, ouvrages de référence, résumés d'exposés de congrès...

Un outil utile pour la médiation technique

Le médiateur technique peut également se retrouver dans une situation similaire, pour plusieurs raisons :
  • l'étude bibliographique lui permet de se familiariser avec un domaine, ce qui peut éviter de prendre inutilement du temps à un expert qui peut être peu accessible ;
  • l'expert peut avoir déjà formalisé une partie de son savoir ou de son savoir-faire, et il est alors inutile de recommencer à zéro ;
  • l'expert peut connaître son domaine de manière pragmatique, par exemple par la connaissance de recettes pratiques, mais sans avoir une vision globale cohérente, voire une théorie, qu'on peut alors éventuellement trouver dans des livres ;
  • l'expert se sert lui-même de documents écrits dans son activité, par exemple en utilisant des abaques, ou en appliquant des réglages obtenus empiriquement dans le passé et consigné ;
  • le médiateur technique souhaite replacer les connaissances dans un contexte technologique, par exemple pour connaître les brevets ayant un lien avec le savoir-faire de l'expert ;
  • enfin, dans le cas ou aucun expert n'est disponible, mais qu'une entreprise dispose d'un ensemble de documents exploitables.
La gastronomie moléculaire
En 1988, Hervé This et Nicholas Kurti ont créé une nouvelle discipline scientifique, qu'ils ont appelé la gastronomie moléculaire, qui vise à comprendre les bases physico-chimiques de la cuisine et des phénomènes culinaires afin de mieux les maîtriser.
L'un de ses objets est l'étude des recettes, dictons, astuces, et autres maximes des cuisiniers. Ces connaissances sont typiquement des règles empiriques obtenues par l'expérience accumulée des cuisiniers depuis des siècles, mais les principes sous-jacents à ces règles ne sont que rarement connues par ces experts de la cuisine. 
Compléter ces règles empiriques par des théories physico-chimiques permettent d'étendre l'application de ces règles, voire de les contourner. La gastronomie moléculaire a ainsi suggéré des idées radicalement neuves en cuisine, comme l'usage d'azote liquide.

Comment s'y prendre ?

Une étude bibliographique, au sens académique, n'est jamais achevée : chaque article scientifique fait référence à de nombreux autres articles ou ouvrages qui complètent son propos, ces documents font eux-mêmes référence à d'autres documents, et on arrive vite à une explosion combinatoire de documents à consulter. Il est bien évident qu'il faut savoir s'arrêter. C'est encore plus vrai du médiateur technique, dont le temps est souvent limité.
L'idéal est de privilégier des documents de référence : cours d'introduction à une discipline, ouvrage synthétique écrit par un expert d'un domaine technique, article de synthèse de l'état de l'art... Ces documents ont le mérite de rassembler l'essentiel des connaissances d'un domaine en un seul lieu, et leur caractère synthétique permet généralement d'ignorer les autres documents plus spécifiques.
L'autre priorité est de bien délimiter le domaine de connaissances qu'on veut explorer, et s'y tenir. Il est tentant pour l'esprit curieux de papillonner vers des sujets voisins lors de la lecture des documents, mais cela risque rapidement d'être extrêmement chronophage.
Il est également parfois possible de sous-traiter l'étude bibliographique. C'est en particulier le cas pour les brevets : il est vivement conseillé de s'adresser à un spécialiste de la propriété industrielle et de la veille technologique pour obtenir une telle étude.
Enfin, dans la mesure du possible, le mieux est de demander l'avis d'un expert sur les lectures les plus utiles. Un expert n'a pas forcément le temps d'expliquer les connaissances élémentaires de sa discipline, mais indiquer une bibliographie sommaire dans laquelle puiser demande peu d'investissement de sa part.
Notons pour conclure que les connaissances que l'on peut obtenir par une étude bibliographique sont explicites par définition. Il s'agit donc des connaissances les plus faciles à obtenir par une médiation technique, pour peu qu'on ait affaire à l'expert adéquat, et il est donc préférable de les aborder en début de mission.

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