lundi 6 août 2012

Innovation, climat et civilisations

La période estivale est propice à la lecture, et c'est avec plaisir que je me suis plongé dans Les civilisations à l'épreuve du climat, de Vincent Boqueho.
Un livre original qui apporte de manière inattendue une lumière nouvelle sur l'innovation.

Les grandes civilisations sont issues de foyers d'innovation

L'auteur propose que les grandes civilisations du passé (Égypte et Mésopotamie évidemment, mais aussi Incas, peuple de l'Indus, Chinois, Éthiopiens...) sont nées à proximité de zones climatiques spécifiques rassemblant trois critères :
  • d'abord, une certaine fertilité, traduite par un niveau de précipitations suffisant ;
  • ensuite, un climat défavorable aux parasites et donc à la propagation d'épidémies,  traduit par l'existence d'une période suffisamment fraîche ou d'une altitude suffisante,
  • et enfin et surtout, d'une forte variabilité du climat d'une année à l'autre, traduite par une très forte différence entre les précipitations entre saison sèche et saison humide.
Je vous renvoie au livre pour plus de détails sur ces critères et leurs motivations. Les deux premiers critères sont assez intuitifs (il faut pouvoir se nourrir facilement et ne pas subir trop d'épidémies pour créer une civilisation), mais le troisième est bien plus subtile.
En effet, l'idée de l'auteur est que le stress climatique est le facteur principal qui obligea les habitants de ces régions à innover en développant l'agriculture afin de ne plus être dépendant des aléas climatiques.
Trop de confort tue l'innovation, en somme.

L'innovation se propage !

Plus intéressant, ces foyers d'innovation, comme l'auteur les appelle, sont nécessaire pour démarrer une civilisation, mais ce n'est pas forcément là qu'elles vont trouver les meilleures zones pour se développer.
Ainsi, le Croissant Fertile dispose de deux foyers d'innovation à ses extrémités, où l'on retrouve effectivement les plus vieilles traces de développement, mais c'est dans d'autres zones plus fertiles que la Mésopotamie et l'Égypte vont émerger : l'une au milieu du croissant fertile entre le Tigre et l'Euphrate à mi-chemin entre les deux foyers, l'autre le long du Nil au sud de l'un des foyers.
Selon l'auteur, les foyers d'innovation jouent un rôle d'étincelle, mais d'autres zones plus favorables climatiquement vont ensuite permettre à l'embryon de civilisation de se développer. Ceci expliquerait que la Méditerranée, zone favorable très vaste à proximité du Croissant Fertile, ait connu de nombreuses civilisations qui ont fini par dominer le monde, alors que d'autres foyers d'innovation comme ceux de l'Amérique Centrale et du Sud, dont les zones avoisinantes étaient généralement épidémiques et peu favorables, n'ait pu rivaliser avec les civilisations occidentales.

La médiation technique : propagateur du feu innovant ?

Ainsi, la capacité d'innovation peut être vue comme une flamme se propageant à partir d'une étincelle. 
Bonne nouvelle : si on dispose d'une étincelle d'innovation, l'innovation se propage dans un environnement favorable.
Mauvaise nouvelle : si l'environnement est défavorable, l'étincelle n'est pas suffisante.
Moralité : il faut donc tout faire pour favoriser la propagation du feu innovant (je vais me faire des ennemis chez les pompiers en cette période estivale...). La médiation technique peut jouer ce rôle de matériau inflammable reliant une étincelle (la solution technique existant dans un secteur d'activité) à une zone inflammable (l'entreprise qui a besoin d'une solution technique).
Et si on demandait aux pompiers ce qu'il faut faire pour mieux innover ?

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